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Pour les amateurs de champagnes issus de cépages blancs à jus blanc, et pour tous les autres épicuriens !

Eric Rodez, défenseur du terroir et pionnier de l’environnement

Publié le 17 Décembre 2013 par A. VERGUET in Personnalité

Eric Rodez, défenseur du terroir et pionnier de l’environnement

Composer avec la nature afin d’élaborer au mieux des champagnes dotés d’une âme, tel est l’un des principes de base d’Eric Rodez sur son domaine d’Ambonnay.

Eric Rodez a obtenu en 2012 la première certification Haute Valeur Environnementale décernée en France pour une exploitation viticole. Il a ainsi illustré sa démarche en faveur d’une production de qualité.

Le domaine d’Ambonnay est planté à 40% en chardonnay et 60% en pinot noir. « Mes vignes ont un âge moyen de 31 ans, et les plus anciennes ont 71 ans. J’ai environ 35 parcelles pour un vignoble total de 6,5 ha. J’ai fait le choix de la diversité ! »

Ajoutons que 25% du domaine est traité en aromathérapie, avec des passages d’huiles essentielles dans les vignes. On comprend mieux dans ces conditions qu’Eric Rodez compare l’élaboration du vin à la création de parfums.

L’âme du vin

Il fait partie des vignerons mieux connus à l’étranger qu’en France avec ses 45000 cols par ans, exportés à 80%. Il a débuté son parcours sur les terres familiales d’Ambonnay en 1984, une année catastrophique qui a provoqué chez lui un certain regard : inutile de cherche à surproduire, mieux vaut produire en suivant des méthodes qualitatives. Il est un défenseur de la logique de terroir, en faveur de vins qui ont une âme.

C’est ainsi qu’Eric Rodez se plait à raconter que ses débuts dans le métier eurent lieu avec un « millésime exceptionnel » : « 1984 fut une mauvaise année ! Cela s’est donc accompagné d’une prise de conscience sur mon métier en laissant de côté l’orgueil. Les qualités humaines sont essentielles, et il ne peut y avoir de réussite que si l’on consent à de réels efforts sur les vignes. C’est en cela que réside mon plaisir, entre la passion du contact avec les gens, et le monde du vin. »

Eric Rodez réfléchit en permanence aux moyens d’améliorer les choses. Il pratique la culture biologique, l’enherbement maîtrisé, et la confusion sexuelle. Il lutte pour la mise en œuvre d’un référentiel de bonnes pratiques environnementales avec obligation de moyens et de traçabilité, comme la préservation de la ressource en eau, la réduction des produits phytosanitaires, la maîtrise de la fertilisation, et le respect de la biodiversité sur l’exploitation.

Artiste et artisan

Le producteur est un réel artiste du vin, qui dote ses champagnes d’une véritable patte. « Il convient de s’imprégner de la sensibilité du domaine. J’ai la chance d’être un paysan privilégié. Je ne subis pas mon métier. »

Lorsqu’il était enfant, il rêvait d’exercer trois professions, à savoir viticulteur comme son père, œnologue, et parfumeur. « Ce dernier aspect se travaille », explique-t-il en toute modestie, « surtout lorsque l’on compose avec 55 lots de vins ».

Il observe que les vignerons réapprennent qu’il faut une musique dans le raisin. « Il faut prendre le temps, avoir une volonté véritable et une logique de gamme intégrant des vibrations et des émotions différentes. »

Il se dit parfois en proie à un certain tourment. « Si j’optais pour le principe du parcellaire, une forme de souffrance y serait liée, car je ne pourrais plus assembler, ce qui serait une réelle frustration pour l’œnologue que je suis, même si la tentation existe. Encore une fois, au fond de moi, je suis trois professionnels… Je me cherche en permanence, je n’arrive pas à trancher. Mon fils me pousse vers ce domaine d‘élaboration. La confrontation à d’autres philosophies est une chose importante. Pour se construire, il faut se casser, sinon on ne trouve jamais son propre regard. Par bonheur, entre mon fils et moi, je constate que nous regardons dans la même direction, ainsi rien n’est arrêté ! »

Au sein du domaine, la réflexion est de plus en plus partagée, et pour la mise en place de nouvelles cuvées, il faudra que son fils soit d’accord. Au passage, Eric Rodez avoue se méfier des modes.

« Je n’ai pas envie d’éphémère. Si mon dernier « bébé » est un dosage zéro, le cheminement fut long avant de faire ce choix. Il faut être vrai et en cohérence avec soi-même ! »

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