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Pour les amateurs de champagnes issus de cépages blancs à jus blanc, et pour tous les autres épicuriens !

J.-L. Etienne : l’aventure, c’est l’aventure !

Publié le 21 Septembre 2019 par A. VERGUET in Personnalité

Lors de la foire de Châlons, la conférence de Jean-Louis Etienne ne manquait pas de fraicheur, et le champagne ne manquait pas de glaces (arctique ou antarctique ?) !

Devant un parterre d’anciens exploitants agricoles et viticoles, la conférence de Jean-Louis Etienne durant la foire de Châlons a fait plus que salle comble ! On refusait presque du monde…
Les discours à destination du public ont été multiples et puissants de la part de celui qui fut dans sa jeunesse tourneur-fraiseur par manque de place dans la filière menuiserie, mais son premier message fut « Persévérer pour se réaliser ! »

« Insuffler une dose d’espoir »

Le docteur Jean-Louis Etienne se définit comme un passeur d’informations. « Faire la liste de ce qui va mal, c’est bien, mais insuffler une dose d’espoir, c’est mieux ! » Et pour continuer avec une large dose d’humour : « vous avez devant vous un héros… ».
L’aventurier qui a côtoyé Tabarli et s’est engagé dans bon nombre d’explorations, s’est remémoré son retour d’appétence pour la chose scolaire lors de son CAP, ce qui l’a conduit vers un BAC scientifique et des études de médecine. Dans ce cursus, il eut rapidement un coup de foudre pour la chirurgie et l’envie d’assister à des opérations, notamment en orthopédie (clous, vis, plaques). 
« Mais mon goût pour l’aventure était le plus fort. Dans mon enfance dans le Tarn, je vivais dehors, je lisais Frison Roche et je regardais la carte du massif du Mont Blanc. Donc l’envie de partir en expédition s’imposa rapidement. C’est-ce que je fis durant 12 ans en alternance avec la médecine générale. J’avoue une frustration vis-à-vis de la chirurgie, je retrouve ça chaque fois que je découpe un poulet… »
Pour lui, la médecine générale est une formidable école de la vie, une rencontre avec le malade mais surtout l’humain.
« Vers 40 ans, alors que j’étais sur la face nord de l’Everest et que des mecs étaient coincés à 8000 m, j’attendais avec des bouteilles d’oxygène. C’est là que j’ai eu le déclic pour mon aventure au Pôle Nord en solitaire.  A vrai dire, ce n’est pas compliqué, il suffit de tirer un traineau.  Le plus dur, c’est le « camping » ! Dans un univers chaotique, c’est physique de marcher mais pas technique. En revanche, le froid, c’est lourd ! »
Et l’aventurier d’ajouter qu’il faisait parfois - 52° sous la tente. « Tous les degrés comptent. J’ai réussi parce que j’étais seul. J’ai été en « faillite » lorsque je sentais venir l’hypothermie au repos. L’organisme privilégie le cerveau, le thorax et l’abdomen, pas les extrémités… »
Dans ces conditions, rejoindre le Pôle Nord fut un parcours d’endurance durant lequel il a résisté aux tentations d’abandon.
« Le corps est une aussi mauvaise machine qu’une voiture ou un tracteur… Heureusement, la nature est bien faite. On pisse beaucoup quand on a froid; Le corps veut garder une température de 37°. En urinant dans une bouteille, j’ai eu une sorte de bouillotte en la positionnant au niveau de l’aine car l’organisme privilégie le cerveau, le thorax et l’abdomen, or c’est sur le bas ventre que les gros vaisseaux sanguins se situent et qui diffusent ensuite la chaleur. »  

Polyvalence 

Jean-Louis Etienne effectue de nombreuses interventions durant lesquelles il invite ses auditeurs à s’y mettre sous peine de frustration. « Avoir une idée, une envie c’est précieux à tous les âges ! Il faut du travail et de la persévérance. Pour ma part, j’essaie toujours de faire par moi-même avant d’acheter quelque chose afin de ne pas perdre mon autonomie et mon libre-arbitre. Ne pas attendre que les autres fassent à ma place. »
Et d’enchainer sans attendre sur le dérèglement climatique : « Dans ce cas, on attend souvent de l’Etat alors que l’on s’impose peu de règles à soi. Quand les gens parlent de réchauffement climatique, il le confonde trop souvent avec la météo, la pluie et le beau temps, mais ce n’est pas une chose que l’on peut percevoir au quotidien. Pourtant la terre a une fièvre chronique et le sujet est complexe. Je suis un témoin car je fais de l’exploration polaire, donc je fais de la pédagogie. En ce qui concerne la dépense d’énergie, il convient de prendre conscience de la facilité que nous avons. »
Pour Jean-Louis Etienne, son corpus est composé d’une formation technologique qui l’aide tout le temps, et de son parcours de médecin. « La polyvalence est un gage d’autonomie. Le futur change vite, donc il est important de se doter d’outils, comme parler l’anglais. Ce n’est pas simplement une langue, mais un moyen pour travailler. »
Interrogé à propos de l’usage de l’eau, il a précisé que 93% de l’excédent de chaleur est absorbé par l’océan. « On perturbe donc le cycle de l’eau. De fait, il y a de sécheresses qui s’étendent, mais aussi des épisodes de grandes pluies, de cyclones et d’inondations. En France, nous connaissons de plus en plus d’épisodes cévenoles. Cela doit nous inciter à réaliser des économies de ce précieux liquide, et à recycler. On doit capter l’eau de pluie et éviter les fuites. Je dirai que si sans énergie c’est la misère, et bien sans eau, c’est la guerre ! On ne peut pas subsister sans. »
A propos de l’automobile, Jean-Louis Etienne a déclaré qu’il fallait passer d’une énergie de stock à une énergie de flux. « Cependant, utiliser de l’électricité, ou de l’hydrogène pose également des problèmes. Par exemple, afin d’extraire de l’hydrogène, il faut consommer de l’énergie… La transition prendra du temps et nécessitera des investissements. En ce qui concerne le charbon, qui hélas encore utiliser par trop de pays, c’est l’ennemi N°1 du climat. Les gens pensent trop souvent à court terme alors qu’il faut avoir une vision plus lointaine. On se heurte au niveau d’acceptation par rapport aux enjeux. Je pousse à l’initiative individuelle. »

Prochaine aventure

La prochaine expédition du docteur Etienne concernera l’Antarctique, et plus précisément « les 50e hurlants » qui représente le principal puits à carbone de la planète. « Il se dissout dans l’eau froide, mais nous manquons de mesures. C’est pourquoi nous avons imaginé un bateau vertical qui partira à la dérive. Le projet s’inspire d’un navire américain. La verticalité offre une grande stabilité, et les hommes ne sont pas sujet au mal de mer. Le Polard Pod aura 100 m de long pour 1000 tonnes. Il sera trainé horizontalement sur place avant que des compartiments soient remplis d’eau de mer. Nous serons 8 personnes à être entraînées par le courant. Outre les mesures de CO2, nous réaliserons grâce à des hydrophones placés sous l’eau un inventaire de la faune par acoustique. L’expédition est prévue pour 2022. »
Et le conférencier de marteler en guise de conclusion : « Même après l’âge de la retraite, c’est d’y aller ! L’important demeure l’activité. Même écrire peut se révéler une véritable exploration et une source inépuisable de satisfaction. 
 

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