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Pour les amateurs de champagnes issus de cépages blancs à jus blanc, et pour tous les autres épicuriens !

Champagne : machine à vendanger ou machine à rêver ?

Publié le 17 Octobre 2014 par A. VERGUET in Viticulture

Champagne : machine à vendanger ou machine à rêver ?

Solution pour contrer le problème de l’augmentation des charges, le concept de la machine à vendanger champenoise continue à alimenter les conversations. Certains hésitent à qualifier le sujet de serpent de mer ou de projet réellement en marche…

L’interprofession fait logiquement preuve de prudence et de silence à propos du concept de machine à vendanger champenoise, se contentant de rappeler la contrainte de base : « Ne doivent arriver au pressoir que des raisins en grappes entières, le cahier des charges l’impose.

A l’heure actuelle, seule la cueillette à la main permet ce résultat. » Il est vrai que ce n’est pas l’habitude du CIVC de commenter les recherches en cours avant que celles-ci n’aient entièrement abouti. Pour autant, le dossier est loin d’être vide comme voudraient le faire croire certains « gardiens du Temple », puisque de source sûre, une présentation de pistes techniques s’est déroulée fin septembre devant des administrateurs du SGV…

Férat, l’homme-orchestre

Seul Pascal Férat, le président du SGV, qui avait poussé un magistral coup de gueule en 2013 en réaction à la folle augmentation des charges en lien avec le contrat vendange, entretient clairement le sujet avec les médias.

Dans un premier temps, de nombreux observateurs n’avaient pas pris au sérieux le projet de machine à vendanger champenoise, ne voyant là qu’un aspect provocateur supplémentaire de la rhétorique du président des vignerons. Pourtant, Pascal Férat n’a pas lâché le morceau…

Lors de la vendange 2013, à l’occasion d’un dîner de presse au sein de la coopérative de la Goutte d’Or, son fief de Vertus, il avait enfoncé le clou et expliqué que des solutions pouvaient exister et que des chercheurs et techniciens avaient commencé à se pencher très sérieusement sur la problématique afin de mettre au point un engin pertinent.

« Je ne plaisantais pas quand j’ai parlé de ce sujet ! Les études et les recherches existent ! Une machine à vendanger spécifique aux contraintes de notre terroir ne sortira que lorsqu’elle sera parfaitement au point et adaptée au cahier des charges du champagne. »

En janvier de cette année, le président a prodigué une bonne piqure de rappel en conférence de presse. « Oui, la machine à vendanger reste d’actualité. Elle est en train d’arriver plus vite que prévu. Face à l’augmentation globale, les exploitants vont devoir dégager des marges ailleurs, cette voie de la mécanisation totale pour les vendanges vaut aussi pour le palissage et pour la taille. Le but est de créer un cahier des charges adéquat. On va provoquer une révolution mécanique. Nous ne sommes pas forcément pour, mais quelles solutions apporter à nos viticulteurs par rapport à la hausse des charges ? De nombreuses personnes nous contactent pour nous obtenir un cahier des charges. Tous les producteurs des machines existantes sont sur le pied de guerre. Pour l’instant, j’attends de voir. »

Rappelons qu’en toute logique, le travail de recherche doit être mené par l’interprofession. Et si le négoce n’est pas moteur sur le concept de la machine à vendanger, il n’y semble pas opposé.

« Ne pas fermer la porte au progrès »

C’est au sein du vignoble que les réactions sont parfois animées et contrastées. La thématique a alimenté les fantasmes, et les discussions lors des dernières vendanges, au même titre que la qualité et la quantité des raisins récoltés. Michel Loriot, le président de la section champenoise des VIF (vignerons indépendants) porte un regard pragmatique sur le sujet.

« Pour ce qui est des terrains accessibles à ce genre de d’équipement, la machine à vendanger telle qu’elle existe actuellement pourrait je pense relativement bien fonctionner pour le chardonnay. Malgré tout un chardonnay un peu foulé doit être très différent d’un chardonnay pressuré entier. J’ai plus de réserves concernant les pinots. Par contre si l’on parle de robots cueilleurs, cela conviendrait à tous les cépages. Je pense qu’une récolte robotisée ferait sûrement une cueillette de meilleure qualité que beaucoup d'équipes à la main. Les choses évoluent bien entendu dans le temps. Il y a 20 ans, pouvait-on imaginer que tout le monde serait équipé de téléphones portables connectés à Internet ? »

Au-delà de cela, le vigneron souligne qu’il y aura toujours obligatoirement de la cueillette manuelle, d’une part en raison de la configuration des terrains qui empêchera tout autre système de vendange. Mais d’autre part parce que le travail des vendangeurs restera un vecteur de valorisation et de qualité.

« Certains producteurs ne prendront pas de risques pour leur image de marque et préfèreront poursuivre dans la voie de cueillette traditionnelle. Et puis, la machine à vendanger champenoise sera à coup sûr très spécialisée avec des équipements de haute technologie ce qui la rendra coûteuse… En définitive, je crois qu’il ne faut pas fermer la porte au progrès. En y repensant, le gyro-palette ou la rogneuse ont été regardés avec méfiance lors de leur création comme beaucoup d’innovations techniques. »

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